Back

Retour sur l’affaire Julian Assange

Début décembre, la Haute Cour de justice de Londres a ouvert la voie à l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. Pourquoi la Cour de Londres s’exprime-t-elle sur le sort d’un citoyen australien pour le mener aux États-Unis ? Pourquoi le journaliste est-il privé de liberté depuis plus de 10 ans ? Décryptage de l’affaire Julian Assange.

Julian Assange en 2014. © Cancillería del Ecuador / Wikicommons

Julian Assange est principalement connu, et inquiété, pour la diffusion sur son site WikiLeaks en 2010 de milliers de documents classés secret-défense documentant les exactions de l’armée américaine en Afghanistan et en Irak. Des documents fournis par Chelsea Manning, condamnée à 35 ans de prison dans cette affaire, qui montraient des détenus humiliés dans la prison d’Abou Ghraib en Irak ainsi que le bombardement aérien de la ville de Bagdad. 

L’affaire choc de WikiLeaks

Le choc de la diffusion de ces documents pousse les États-Unis à le poursuivre pour « piratage informatique » ainsi que pour 18 chefs d’inculpation différents, dont espionnage. Il risque alors jusqu’à 175 ans de prison. Les têtes successives de Washington ont toutes réclamé son extradition. Un mandat d’arrêt international est émis à son encontre.

Il est arrêté en 2010 à Londres pour une tout autre affaire. Il est accusé de viol par deux jeunes femmes suédoises. Craignant d’être livré aux États-Unis après ce jugement, il profite de sa liberté conditionnelle pour se réfugier à l’ambassade de l’Équateur londonien au sein duquel il restera durant sept ans. En 2019, le nouveau président équatorien Lenin Moreno ne souhaite plus fournir l’asile au lanceur d’alerte. Cela permet à la police britannique de l’arrêter pour cause de non-respect de sa liberté conditionnelle. Sa sortie avait marqué l’opinion publique par les images de son arrestation qui avaient fuité, le montrant amaigri et en mauvaise santé.

Des conditions de vie qui mettent en danger la vie d’Assange

L’affaire suédoise pour viols présumés est classée sans suite faute de preuve, mais les États-Unis demandent toujours son extradition. Il est en attente de son jugement enfermé à la prison de haute sécurité de Belmarsh où des craintes vis-à-vis de son état de santé ont fait que, le 4 janvier 2021, la justice britannique refuse en première instance la demande d’extradition, craignant qu’il ne mette fin à ses jours outre-Atlantique. L’accusé a de lourds problèmes de santé physique et mentale. Il a survécu mi-décembre 2021 à un « micro-AVC » selon sa fiancée, Stella Morris.

En 2019, 60 médecins signent une tribune en se disant inquiets. Ils réclament alors une évaluation médicale d’urgence. Ils redoutaient également qu’il « puisse mourir en prison ». La même année, le rapporteur de l’ONU sur la torture avait déclaré que de « nouvelles informations médicales transmises par plusieurs sources fiables affirmant que la santé de M. Assange est entrée dans un cercle vicieux d’anxiété, de stress et d’impuissance, typique des personnes exposées à un isolement prolongé et à un arbitraire constant ».

Margaux Verdonckt
Margaux Verdonckt
Co-fondatrice, cheffe de rubrique "Écologie" et responsable de la communication de Soixante Pour Cent.

Ce site web stocke des cookies sur votre ordinateur. Politique de confidentialité