Alexandre Benalla, chargé de sécurité aux côtés d’Emmanuel Macron, s’est retrouvé sous les feux des projecteurs le 1er mai 2018 pour avoir violenté un couple de manifestants lors de la fête du Travail. S’ensuit alors une crise politique de grande ampleur pour Benalla concernant les véritables modalités de son travail.
1er mai 2018, place de la Contrescarpe à Paris. Manifestations pour la fête du Travail. Les CRS sont présents pour encadrer l’événement et éviter tous débordements. L’événement est plutôt calme pour les 20 000 manifestants mais c’est sans compter sur l’arrivée d’une armée de 1 200 casseurs et Black Blocs qui détruisent plus de 30 enseignes de restaurants et de magasins. Les CRS chargent et interpellent plusieurs manifestants. Sur les vidéos amateurs publiées sur les réseaux sociaux, un homme se démarque pour s’être montré particulièrement violent avec un couple de manifestants : Alexandre Benalla. Son identité n’est seulement révélée que mois plus tard, le 18 juillet. La réaction de l’Élysée semble très faible par rapport aux révélations qui viendront par la suite : 2 semaines de suspension et interdiction d’être de nouveau la garde rapprochée d’Emmanuel Macron. Patrick Strozda, le directeur de cabinet du président, se justifie vis-à-vis de cette sanction : « les éléments dont je disposais le 2 mai m’ont conduit à prendre cette sanction que j’ai considéré comme adaptée et proportionnée à un comportement individuel fautif ».
Mais ce n’est pas ce que montreront les images prises par la suite lors des déplacements du président de la République : le 13 juillet à Giverny ou encore lors du 14 juillet.
Sur ces images, on peut voir Alexandre Benalla à plusieurs reprises avec un brassard de police et un casque de CRS. Deux distinctions dont il n’a pas le mérite de porter et illégal, car ne correspondant pas à sa profession. Selon un document révélé par
Mediapart, le titre officiel de Benalla est « chargé de mission adjoint au cabinet d’Emmanuel Macron ». Même si son grade militaire correspond à celui d’un lieutenant-colonel en tant que réserviste, il n’est pas autorisé à porter des armes. Mais comment ce jeune de 27 ans au moment des faits a pu arriver aux côtés de la personnalité publique la plus haut placée en France ?
Assuré de la sécurité de plusieurs personnalités
Dès le collège, Marwane Benalla à l’époque, s’intéresse à la protection rapprochée de hautes personnalités lors d’un stage de 3 jours. Il s’intéressera très rapidement à ce domaine et cumulera différents postes à partir de 2011 : protection de Martine Aubry lors de la primaire socialiste en 2011, chauffeur privé d’Arnaud Montebourg (ministre de l’Économie en 2012), garde de François Hollande durant ses premiers mois à l’Élysée…
À l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, il se rapproche du parti de la République En Marche et de certains membres jusqu’à devenir le garde du corps rapproché du chef de l’État. On le verra à de nombreuses occasions à côté du président de la République pour l’accompagner lors de ses déplacements.
Garde du corps aux multiples avantages
Lorsque la justice s’empare du dossier le 18 juillet lors de la révélation de l’identité de Benalla, plusieurs avantages liés à son poste seront aussi dévoilés : port d’armes sans autorisation, badge d’accès à l’Assemblée nationale, possession d’un passeport diplomatique…
Les modalités précises de sa fonction restent assez floues.
« Le seul responsable dans cette affaire, c’est moi. […] S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher. »
Le président Emmanuel Macron le 24 juillet 2018.
Le lendemain, une enquête préliminaire est ouverte par la justice qui décide d’une mise en examen pour « violences en réunion » et « port public et sans droit d’insignes réglementés », il a été arrêté ce jour-là avec 3 autres « policiers » : Vincent Crase, agent de sécurité de La République en Marche, Christian Guédon, garde du corps officiel de Macron et Pierre-Yves Baratier, ex-militaire reconverti.
Emmanuel Macron resté plutôt discret jusqu’ici, prend enfin la parole le 24 juillet et donne le ton sur cette affaire devant ses collaborateurs : « le seul responsable dans cette affaire, c’est moi. […] S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher. ».
Il est auditionné le 19 septembre devant les sénateurs, qu’il qualifie de « petits marquis » et pour lesquels il exprime n’avoir « aucun respect ».
Après avoir premièrement refusé de se présenter devant la Commission d’enquête, son avocat confirme qu’il s’y rendra. Une non-présentation devant cette commission peut être passible de 2 ans d’emprisonnement et de 7 500€ d’amende. Alexandre Benalla reconnaît une « faute » mais pas d’infraction à la loi. Il sera finalement licencié de son poste le 23 juillet 2018 et a été jugé du 13 septembre au 1er octobre 2021. Son jugement final sera délivré le novembre prochain.