Le papier se fait rare et son prix flambe : en un an, son coût a été multiplié par deux. La presse, déjà en crise, subit de plein fouet cette nouvelle augmentation . Mais une question se pose : à quoi est due cette hausse ? Comment l’expliquer ?
Cela fait désormais trois ans que la crise du papier touche la plupart des entreprises européennes et françaises. La crise sanitaire, les confinements, la guerre en Ukraine ou encore la hausse des prix ne facilitent pas la production et le développement de cette matière première. Par manque de moyens économiques, physiques et à cause des frontières fermées, la production n’a pas pu rattraper son retard. Par ailleurs, les livraisons et l’utilisation du carton ont considérablement augmenté. La deuxième période importante est la grève d’un des principaux fournisseurs de pâte à papier européen, placé en Finlande. Les employés d’UPM, United Paper Mills, se sont révoltés pendant 112 jours, de décembre 2021 à avril 2022, suite à l’intention de l’entreprise de dissoudre le syndicat Paperillitto. Action qui a mené à un échec même si elle a mouvementé le monde de la papeterie.
Une hausse de 30 à 50%
L’offre n’a pas la capacité de suivre la hausse de la demande, qui est pourtant considérable : on note 30 à 50 % d’augmentation. Dans les kiosques, les journaux ont augmenté de plusieurs centimes. C’est le cas des Échos, du Figaro, élevant leur tarif de 20 centimes en semaine comme en week-end, mais aussi celui de Libération à 2,70 euros. Il est de même pour la hausse de 10 centimes des éditions de L’Équipe et de L’Humanité. En revanche, Le Parisien reste au même prix depuis septembre (1,90 euro).
En dix ans, Le Figaro est passé de 1,30 à 3,20 euros. C’est de même pour le quotidien Le Monde, qui, en 2022, s’élève à 3,20 en semaine et à 4,90 en week-end. En septembre 2022, on observe une nouvelle hausse de 8 à 10%. On achète une tonne de papier 750 euros en janvier 2021 ; huit mois plus tard, le prix est monté à 1 400 euros. Pour ces médias, la hausse est indispensable comme l’expliquent, par exemple, Philippe Toulemonde, directeur général délégué de Ouest-France mais aussi, Daniel Picault, directeur général délégué de La Voix du Nord. « Au cours de l’année 2022, les coûts de production du journal se sont accrus avec une brutalité et une ampleur sans précédent » explique Philippe Toulemonde. En cause, la hausse des prix de l’énergie, impactant l’utilisation des machines et des imprimeries, plus l’augmentation des matières premières.
Une hausse jugée obligatoire
« Plus de 4 millions d’euros supplémentaires de charges » selon les dires de Daniel Picault, directeur général de La Voix du Nord, en réponse à un des articles de La Voix du Nord. Cette hausse serait une obligation pour avoir la possibilité de continuer à produire et diffuser le journal chaque jour de la semaine alors qu’un plan social en janvier a engendré le départ d’une centaine de journalistes.