C’est en 2012 que cette affaire judiciaire à vue le jour. Jacqueline Sauvage est jugée pour le meurtre de son mari Norbert Marot, abattu de trois coups de fusil dans le dos le 10 septembre. Des procès comme celui-ci, il y en a tous les jours. Mais cette affaire prendra un tout autre tournant lorsque les médias vont s’en emparer.
Le 10 septembre 2012, dans le Montargois, Jacqueline Sauvage âgée de 65 ans abat son mari de trois coups de feu avec son fusil de chasse. La femme a alors affirmé que son acte était pour protéger sa vie et celle de ses enfants. Son mari les aurait menacés le matin même. Jacqueline Sauvage a subi, selon elle et son avocate, plusieurs années de violences conjugales, dont certaines le jour du meurtre. Peu de temps après, les trois filles du couple ont témoigné des violences que leur père aurait infligé à leur mère, mais également d’abus qu’elles auraient subis autrefois. À partir de ce moment-là, l’histoire prend une tout autre ampleur. De nombreux débats apparaissent : Les filles disent-elles vraies ? Faut-il excuser Jacqueline Sauvage ? Est-ce de la légitime défense ?
C’est le 28 septembre 2014 que Jacqueline Sauvage fut condamnée à 10 ans prison. La légitime défense n’étant retenue qu’en cas de concomitance de l’acte et de l’agression et demandant aussi la proportionnalité de la riposte, ne pouvait pas être plaidé dans cette affaire. Cette décision a été confirmée en appel en décembre 2015. Arrive alors un acte inédit, la femme a été libérée après une grâce totale de François Hollande, président de la République à cette période.
Dans cette affaire, quel a été l’impact des médias ?
Des affaires de meurtres il y en a tout de même plus d’une. Mais c’est bien celle-ci qui a attiré les médias, et de fil en aiguille, a permis à Jacqueline Sauvage d’être graciée par le président de la République. Dès la suite de sa condamnation, Jacqueline Sauvage est devenue un symbole des femmes victimes de violences conjugales. Il y a eu des associations et organismes qui se sont appropriées l’affaire et ont créés des manifestations, des pétitions, pour la soutenir. De nombreuses personnalités ont également pris position pour la femme condamnée. Si tout cela a été possible, c’est bien grâce à la médiatisation dont Jacqueline Sauvage a fait l’objet. Sans les articles et les journaux, la population n’aurait pas pris connaissance de cette histoire et n’aurait pas pu prendre parti pour celle-ci. C’est d’ailleurs aussi grâce aux médias que François Hollande en a entendu parler. Les journalistes ont montré une image d’une femme, victime, qui a vécu une vie difficile avec sa famille, ce qui a engendré un attachement et une empathie de la part de tous. Cependant, les deux cours d’assises qui ont condamnées Jacqueline Sauvage démontraient une autre vérité que les médias ne mettaient pas en lumière. Si lors de l’appel, la cour d’assises a décidé de confirmer les 10 ans de prison pour Jacqueline Sauvage, c’est bien pour ne pas créer un « permis de tuer ». Si la justice permet ce genre d’excuses, on en viendrait à acquitter quiconque pour n’importe quelle raison personnelle. Bien sûr, l’image de cette femme dans les médias a influencé beaucoup de choses. Comme les mouvements de manifestations, les décisions et les avancées réelles au sujet des violences conjugales. Mais cela a pu également déstabiliser les magistrats, influencer le choix du président de la République et toutes autres personnes importantes dans l’affaire.