Qui sont ces journalistes qui travaillent pour les papiers locaux ? Vus comme en bas de chaîne du journalisme, journalistes de la rubrique des “chiens écrasés”. Derrière les clichés se cache un métier passion.
Qui sont les petites mains qui remplissent les pages des canards locaux, de La Voix du Nord à La Charente-Libre ? Ces titres de presse peuvent faire sourire. Ce sont ceux où il y a les comptes-rendus de conseils municipaux et la foire à la saucisse ? Pour voir si ce cliché est vrai, nous avons demandé à plusieurs journalistes locaux, ces localiers, quelle vision ils ont de leur métier.
“Ce qui me passionne le plus c’est le contact humain, la découverte. Mais aussi que tous les soirs, en rentrant chez moi, je me rends compte de l’étendue des choses que j’ai apprises dans la journée”, raconte Julie*, journaliste pour La Voix du Nord. Pour Magalie, qui travaille également pour le quotidien du Nord, “c’est un métier très général, il y a tellement de choses que l’on apprend, des métiers qu’on découvre, des passions, des savoirs, des talents, de la politique, etc.”
Des rencontres humaines qui marquent
“J’ai entre deux et trois reportages par jour. Ce sont deux à trois personnes différentes que je rencontre alors. La plupart du temps, on apprend beaucoup de ces rencontres”, ajoute Franck, de l’Avenir de l’Artois. “Même si on doit rester professionnels, il y a parfois des liens qui se créent entre nous et les interlocuteurs. Je me souviens d’un jeune champion de twirling, un sport dérivé des majorettes. Il était tellement fier, ses parents aussi. Il m’a initié à son sport et après on a parlé au moins une heure à l’extérieur. Il est tellement passionné par ce qu’il fait, il était tellement content de parler à une journaliste. Normalement, pour ce genre de reportage on reste maximum une demie-heure, là je l’ai fait durer plus d’une heure trente ! J’ai fini tard pour rattraper ce retard mais j’étais contente de cette rencontre.”
Pour Julie, sa plus belle rencontre humaine est “cet homme âgé de 100 ans, ancien commandant de police. Encore très en forme et plein d’histoires à raconter.” Mais aussi “lorsque j’ai rencontré une famille vivant dans une maison inondée, c’était un reportage plein d’humanité et désespoir.”
Pour Marise, correspondante locale de presse pour La Voix du Nord, “le premier reportage qui m’a vraiment marqué, c’est quand j’avais organisé la rencontre entre une vieille dame et une plus jeune, qui avaient toutes deux étaient victimes de pédocriminalité. Les échanges entre elles deux étaient tellement intenses et sincères. Ils ont duré plus de quatre heures, mais on ne voyait pas le temps passer. Je me souviendrai toute ma vie de la voix de cette vieille dame qui me raconte en pleurant, ce qu’elle a vécu 60 ans auparavant, et qui la hante toujours. On a envie d’écrire le plus beau des articles pour rendre hommage à leur courage de témoigner.”
Un métier qui passionne
“J’aime vraiment mon métier”, indique tout de suite Julie. “Je sais que je suis faite pour cela. Après, comme dans tous les métiers, il y a toujours quelque chose qui nous plaît le moins. Pour ma part, je dirais les faits divers. Même si c’est important car il faut avertir la population.”
Pour les aspects moins plaisants de la profession « ça m’est arrivée de faire face à des interlocuteurs qui ne veulent pas te voir ou qui ne veulent pas de ton article. Souvent c’est quand tu bouscules des faits qui, selon eux, peuvent les empêcher d’avancer ou ternir leur image. Je pense par exemple à ce propriétaire qui laissait vivre des locataires dans une maison totalement infiltrée d’eau. J’ai voulu donner sa version des faits. Il ne m’a pas très bien accueilli et m’a même dit ne pas vouloir me parler. Parfois on te parle mal. Mais il faut faire la part des choses. Ton article sortira de toute façon, en respectant bien sûr la ligne éditoriale et l’éthique« , indique Julie.
*Tous les prénoms ont été modifiés