Crédit photo : Un journaliste radio à Lorient, en 2019 – © XIIIfromTOKYO / Wikimedia Commons
Les jeunes bacheliers sont toujours aussi nombreux à être tentés par le journalisme. « Un métier rêvé », pour certains d’entre eux, relève le sociologue spécialiste des médias Jean-Marie Charon1, alors que la crédibilité accordée aux médias sur les grands sujets d’actualité et à l’indépendance des journalistes ne fait que diminuer2. En France, aucun diplôme n’est nécessaire pour exercer le métier de journalisme.
Néanmoins, certaines formations constituent une « voie royale » vers la profession. Celle-ci regorge d’autant de chemins pour y entrer, que de métiers : journaliste politique, journaliste sportif, journaliste reporter d’images (dit « JRI »), journaliste enquêteur, envoyé spécial, localier, journaliste scientifique, journaliste juridique, photojournaliste…
Quelles sont les spécialités au bac les plus appropriées pour être journaliste ?
À titre d’exemple, « une solide culture générale », ainsi qu’une « parfaite maîtrise du français » sont les qualités requises recommandées par le CFJ3, tandis que le CELSA demande une connaissance des « grandes thématiques du monde contemporain »4.
Ainsi, la spécialité Humanités, littérature et philosophie (HLP) peut se révéler être l’une des plus adéquates, dispensant alors une formation générale dans les lettres, les sciences humaines et sociales (SHS) ainsi qu’en philosophie. Lorsque l’on s’intéresse aux relations internationales et souhaite comprendre le monde, les spécialités Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) et Langues, littératures et cultures étrangères et régionales (LLCER) peuvent aussi paraître comme étant les plus adaptées.
Une spécialisation scientifique (en physique-chimie, mathématiques, etc.) peut également être l’une des voies vers la profession, avec le métier de journaliste scientifique. L’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI), qui compte près de 300 journalistes, répertorie quelques formations à privilégier, que nous aborderons plus bas.
Et une fois le baccalauréat obtenu ?
Les différents parcours d’études vers le métier
BUT, IEP, IUT, CPGE, université, licence, « bachelor », écoles reconnues… Tant d’appellations et d’acronymes qui ne vous parlent pas ? Ci-dessous, notre schéma pour bien comprendre les parcours d’études vers le métier.
Les écoles reconnues
Il existe 14 écoles dites « reconnues » par la profession, représentée par la Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ). Celle-ci est composée de syndicats de journalistes et de fédérations d’employeurs signataires de la convention collective nationale des journalistes.
☝️ À noter |
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→ À part celles de Lannion et de Cannes – qui sont des IUT, les 12 autres écoles reconnues par la profession sont toutes uniquement accessibles après 3 ans d’études dans l’enseignement supérieur ! Une autre exception, l’École de journalisme de Toulouse qui recrute quant à elle à bac+2. Plusieurs parcours sont possibles après le baccalauréat pour se préparer aux concours des grandes écoles de journalisme reconnues par la profession. Nous les détaillons plus bas. |
Proches du modèle des « grandes écoles », ces écoles sont très sélectives et recrutent sur concours. Trois de ces écoles sont notamment membres de la Conférence des grandes écoles : le CELSA, le CFJ, ainsi que Sciences Po. Les écoles dont leur cursus est reconnu par la profession : l’ESJ Lille, le CFJ, l’IPJ, Sciences Po, l’EJCAM, l’IJBA, le CUEJ de Strasbourg, l’EPJT, l’IUT de Lannion, l’EJDG, l’EJC, l’IFP, le CELSA, ainsi que l’EJT.
Comme le rappelle l’ONISEP, être diplômé de l’une de ces écoles n’apporte pas la garantie d’obtenir un CDI dans les six mois après la sortie de l’école, mais « facilite l’insertion ». Aujourd’hui, la part des diplômés d’un cursus reconnu est en augmentation, mais reste minoritaire parmi les détenteurs d’une carte de presse.
En revanche, dans le service public (télévision généraliste et radio), les diplômés d’un cursus reconnu représente une majorité de journalistes. Au sein de la télévision généraliste publique, ils représentent 61% des journalistes détenteurs de la carte de presse, ainsi que 55% dans la radio publique. De fait, France Télévisions ou Radio France privilégient en général dans leurs processus de recrutement les jeunes journalistes diplômés d’une école reconnue5.
Les IEP et les CPGE littéraires
Les classes préparatoires littéraires et les instituts d’études politiques (IEP), et plus particulièrement l’IEP de Paris (ou « Sciences Po ») ont été les voies privilégiées pour préparer les concours des grandes écoles de journalisme après le baccalauréat, et cela, jusqu’au début des années 2010. En 2005, 1 étudiant sur 3 était issu d’une classe préparatoire littéraire et 1 sur 4 d’un IEP6.
En IEP de province, les formations en journalisme de niveau master se font également une place dans le milieu. Outre le double diplôme (reconnu) entre Sciences Po Lille et l’ESJ Lille, Sciences Po Rennes propose un master « Journalisme, reportage et enquête (JRE) ». Sciences Po Bordeaux ou encore Sciences Po Toulouse font de même en proposant un parcours « Journalisme » à leur diplôme d’IEP. Depuis 2019, Sciences Po Lyon propose un double diplôme en datajournalisme avec le Centre de formation des journalistes (CFJ). Il débouche sur un diplôme d’IEP ainsi que sur le diplôme du CFJ, reconnu par la profession. Ces parcours sont généralement de niveau master et donc accessibles après au moins 3 ans d’études au sein de l’IEP.
L’université
Devenue progressivement un tremplin vers les concours, à l’instar des IEP et des classes préparatoires, l’université développe désormais ses propres formations de niveau licence (post-bac) ou master, parfois plus spécialisées (journalisme culturel, scientifique, etc.) ou en partenariat avec des écoles de journalisme reconnues par la profession.
Dès lors, des établissements publics tels que l’université de Lorraine, CY Cergy Paris Université, l’université Lumière Lyon 2 ou Sciences Po Rennes proposent depuis maintenant plusieurs années un master généraliste en journalisme. L’absence de reconnaissance par la profession, et ainsi par le milieu du journalisme professionnel, n’est évidemment pas synonyme d’une qualité d’enseignement moindre. En revanche, il n’existe aucun classement de ces formations universitaires.
Pour devenir journaliste scientifique, l’AJSPI, citée plus haut, liste plusieurs formations spécialisées destinée à un public formé aux sciences mais « désireux de s’engager dans le journalisme ». À part les spécialisations « Journalisme de science » du master généraliste de l’ESJ Lille et « Science – Santé – Environnement » du master de l’IPJ, elle mentionne notamment le master « Audiovisuel, journalisme et communication scientifiques » de l’université Paris-Cité, ou encore la double licence « Sciences et journalisme » de Sorbonne Université et de l’École W, composante de l’université Paris-Panthéon-Assas.
Au sein des universités évoluent également les instituts universitaires de technologie (IUT). On y retrouve notamment des bachelors universitaires de technologie (BUT) Information, communication parcours Journalisme dans les IUT de Lannion (reconnu), de Nice – Cannes (reconnu) et de Vichy.
Les autres écoles
À part les cursus reconnus, il existe une myriade d’écoles privées à but lucratif, souvent accessibles post-bac, et professionnalisantes pour une sortie dès bac+3. Il est à noter qu’elles ne sont plus, depuis 2018, intégrées au classement des écoles de journalisme du Figaro Étudiant.
Si les écoles post-bac peuvent paraître comme étant la bonne solution pour se former en seulement trois années d’études et acquérir un bon réseau, leur coût est non négligeable et peut se révéler considérablement plus élevé que certaines écoles reconnues. Elles permettent notamment à leurs candidats d’éviter plusieurs années de préparation aux concours des grandes écoles reconnues, fortement demandées et réputées pour être très sélectives.
En revanche, ces écoles restent tout de même plus sélectives que l’université et l’accès se fait en général sur dossier, ainsi qu’éventuellement par le passage d’un entretien de motivation. On peut compter 6 principales écoles post-bac non reconnues en France : l’ISCPA, l’ISFJ, l’ESJ Paris, l’EDJ de Nice, l’EFJ et Narratiiv (anciennement IICP).
☝️ À noter |
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→ Si les écoles reconnues délivrent un master ou un diplôme de journaliste « visé » et/ou « contrôlé » par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI), et « inscrit » au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’insertion, tenu par l’établissement public France compétences, la majorité des formations de ces écoles post-bac privées ne sont ni contrôlées, ni « visées » par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur. Ainsi, si elles ont une reconnaissance des compétences professionnelles délivrées, elles n’ont en revanche aucune reconnaissance académique. → De plus, certaines de ces écoles n’ont aucune de ces deux reconnaissances par l’État (ni MESRI, ni RNCP). Elles délivrent alors un diplôme d’établissement sous leur sceau propre. |
Comment accéder aux écoles reconnues ?
L’exception des BUT
Cela étant dit, il est important de noter que 12 de ces 14 écoles ne sont accessibles qu’après avoir suivi un premier cycle dans l’enseignement supérieur, soit un bac+3. Seules les IUT de Lannion et de Nice (qui comprend l’École de journalisme de Cannes), ne dispensent un cursus reconnu ET post-bac en 3 ans.
Leur cursus est un type de licence professionnelle (le bachelor universitaire de technologie, dit « BUT ») qui ne donne pas un accès de droit aux masters, mais cela n’empêche pas un diplômé de ce cursus de candidater ensuite à un master d’une école reconnue ou non7. Néanmoins, un bachelor universitaire de technologie (BUT) a vocation à préparer ses étudiants à une insertion professionnelle dès bac+3.
Les concours
Pour les 12 autres cursus reconnus, il vous faut suivre un parcours bac+3 avant de passer les concours des écoles de journalisme.
Références
- Jean-Marie CHARON, Jeunes journalistes – L’heure du doute, Éditions Entremises, 2023, 140 p. ↩︎
- Selon le 37e Baromètre de confiance dans les médias du quotidien La Croix avec l’institut de sondages Kantar. ↩︎
- Admission : nos conseils aux candidats, CFJ ↩︎
- [PDF] Entrée en master professionnel Journalisme, CELSA, année universitaire 2024-2025 ↩︎
- Observatoire des métiers de la presse, AFDAS, Profession : journaliste, sur les données de la CCIJP ↩︎
- Géraud LAFARGE et Dominique MARCHETTI, Les portes fermées du journalisme. L’espace social des étudiants des formations « reconnues », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 189, no 4, 2011, ↩︎
- Arrêté du 6 décembre 2019 portant réforme de la licence professionnelle et décret n° 2023-469 du 15 juin 2023 relatif à la licence professionnelle « bachelor universitaire de technologie » ↩︎