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Le Média, pas si féministe que ça

Ce mercredi 26 janvier, le média d’investigation Arrêt sur images a publié une enquête remettant en cause le féminisme du Média. Entre comportements agressifs et décisions injustes de la direction, Le Média ne défendrait pas les femmes autant qu’il le prétend.

Le Média est une webtélé dont la ligne éditoriale se revendique progressiste, antiraciste, écologiste, mais aussi féministe. La crise du Covid-19 les a beaucoup impactés économiquement et d’après l’enquête réalisée par le journaliste Maurice Midena, les femmes sont les premières à en payer les conséquences. Arrêt sur images remet en cause la position de ce dernier en faisant des révélations sur ce qu’il s’est passé en son sein. 

Une direction parfois agressive

D’après Arrêt sur images, les femmes qui travaillent pour Le Média peuvent faire l’expérience d’un « management brutal et agressif » et en voici un exemple. Lors d’une conférence de rédaction en août 2021, la journaliste Maud Le Rest propose un sujet sur les féminicides à Théophile Kouamouo, le rédacteur en chef. Celui-ci refuse le sujet, arguant qu’ils n’ont pas le budget. Maud Le Rest, déterminée à défendre son idée, fait remarquer qu’ils ont récemment embauché un nouveau journaliste et prévoient de réaliser un reportage sur les violences policières à Marseille. Une remarque qui n’a pas plu à Théophile Kouamouo, qui se met rapidement en colère et affirme que la journaliste n’a pas son mot à dire. En pleurs, Maud Le Rest quitte la visioconférence. La rédaction est choquée, de plus que le rédacteur en chef aurait traité la journaliste de « folle » une fois partie. Il ajoute : « Je l’ai juste remise à sa place. Elle était pigiste. Elle n’avait rien à faire en conférence de rédaction ». D’après des témoignages, la présence de pigistes en conférence de rédaction est pourtant habituelle.  

Une rédaction majoritairement masculine

La rédaction du Média comporte cinq journalistes, cinq hommes. À cela s’ajoutent quinze pigistes, dont quatre hommes et onze femmes. La rédaction avait fait part de son souhait d’embaucher l’une des pigistes comme journaliste au Média. En décembre 2020, la direction affirme vouloir recruter le journaliste Taha Bouhafs mais la rédaction pose une condition et veut embaucher une journaliste qui serait spécialisée dans les questions de genre. La demande aurait été acceptée et une offre d’emploi publiée. Après plusieurs entretiens, c’est la journaliste Maud Le Rest qui est retenue. La direction annule finalement et Maud Le Rest ne fera que des piges. En fin de compte, c’est Taha Bouhafs qui est embauché comme journaliste, au détriment de Maud Le Rest. Le rédacteur en chef maintient alors qu’ils n’ont pas pu embaucher plus de femmes à cause de problèmes financiers, alors même qu’ils ont embauché Taha Bouhafs ainsi que le youtubeur de la chaîne Cemil Choses À Te Dire, en tant que chroniqueur. Chose que la rédaction n’a appris que le jour du premier tournage.

Une autre femme prise pour cible à cause d’un différend idéologique

En février 2021, Elsa Margueritat devient pigiste au Média. Cependant, certains journalistes affirment être mal à l’aise en sa présence et l’accusent d’être d’extrême-droite. C’est notamment le cas de Taha Bouhafs. Ce dernier ne lui a d’ailleurs jamais adressé la parole et assume que sa présence lui pose un problème. Il lui reproche d’avoir aimé des tweets, tels que l’ancien ambassadeur de France en Israël demandant aux médias « un article sur la réalité du Hamas à Gaza », ou encore la prise de position en défaveur du voile par la première imam française. Il critique aussi le fait qu’elle ait aimé des tweets de journalistes de Marianne et une blague d’une journaliste se moquant du média AJ+. Plusieurs témoins affirment que Taha Bouhafs a alors tout fait pour que Elsa Margueritat se fasse licencier du Média mais le rédacteur en chef maintient que ce n’est pas une excuse valable. Théophile Kouamouo ajoute que « d’un point de vue légal, on ne peut pas virer quelqu’un parce qu’il pense quelque chose à titre personnel. […] Il ne s’agit pas de crier «facho facho»pour abattre le principe de conscience ». Taha Bouhafs aurait également menacé d’utiliser sa notoriété sur les réseaux sociaux contre elle. « Tu ne verras pas de difficultés à ce que j’use de ma liberté de conscience pour dire ce que j’en pense sur les réseaux sociaux » a-t-il dit à Théophile Kouamouo. Il est notamment présent sur Twitter où il cumule plus de 125 000 abonnés.

https://twitter.com/ElsaMargueritat/status/1486247464940232704

Cet acharnement contre Elsa Margueritat de la part des hommes de la rédaction a été confirmé par Maud Le Rest. Elle ajoute qu’ils ont décrété qu’Elsa Margueritat est une « facho » pour la seule raison qu’elle n’a pas les mêmes idées que les autres sur certains sujets. Théophile Kouamouo met l’équipe d’Arrêt sur images en garde en leur disant « Réfléchissez bien avant de prendre sa défense. Vous risquez de défendre la future Eric Zemmour. » Elsa Margueritat aurait par la suite été mise de côté au sein de la rédaction, au point où ils n’auraient pas respecté certaines règles dans le but de la perturber dans son travail. Elle finit par quitter Le Media et travaille désormais pour Marianne.

Maryann Jaffrès
Maryann Jaffrès
Co-fondatrice, secrétaire de rédaction et cheffe de rubrique "International".

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