Il y a dix ans, le 20 mars 2003, les États-Unis décidaient d’envahir l’Irak, tandis que la France avait exprimé son refus catégorique de soutenir cette invasion américaine, qu’elle jugeait injustifiée. Ces événements représentent un temps fort dans le « frenchbashing » des Américains. Et les médias outre-Atlantique y ont joué un rôle considérable.
«Lâches», «sales» ou encore «ingrats», telle est parfois la réputation des Français à l’international. La spécialité américaine du «frenchbashing», ou le dénigrement des Français, pourrait dater de la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais a pris de l’ampleur lorsque la France a refusé le plan des États-Unis d’envahir l’Irak en 2003. Les Américains ne comprenaient pas la décision française, malgré leur aide à la France durant ce dernier conflit. Un véritable boycott des produits français s’était alors installé, notamment du vin français ou des voitures de marque française. On se rappelle aussi de l’affaire des «French fries» qui avaient été rebaptisées «Freedom fries» par certains restaurants. Mais l’incompréhension, devenue mépris des Français, ne s’est pas arrêtée là.
Une colère exprimée par les médias américains
Après l’annonce du refus de la France du plan d’invasion de l’Irak proposé par les États-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies, nombreux furent les journalistes n’ayant pas hésité à exprimer leur colère contre Français. Le New York Post dénonçait l’ingratitude des Français face à des Américains «qui les ont sauvés des nazis». La première page du journal montrait les tombes de Normandie avec comme titre « Ils sont morts pour la France mais la France a oublié ». Le chroniqueur Steve Dunleavy s’était interrogé : «Où sont les Français aujourd’hui, alors que les Américains s’apprêtent à engager leurs soldats pour combattre l’Hitler d’aujourd’hui, Saddam Hussein ?». Dans le même journal, une caricature montre une autruche, la tête dans le sable, sous les mots : «L’oiseau national de la France».
Dans le New York Times, le journaliste Thomas Friedman estimait que la France devait être exclue du Conseil de sécurité et remplacée par l’Inde qui serait «tellement plus sérieuse que la France aujourd’hui. La France est tellement prise par son besoin de se différencier de l’Amérique pour se sentir importante, qu’elle en est devenue idiote». Le rédacteur en chef du Wall Street Journal, Max Boot, argumentait que «la France est en déclin depuis environ 1815, et elle n’en est pas heureuse. Ce qui irrite particulièrement les Gaulois, c’est que leur place légitime dans le monde a été usurpée par les gauches américaines».
Ces attaques sont également devenues personnelle lorsque la correspondante de France Inter à Washington, Laurence Simon, expliquait la position du gouvernement français sur Fox News et qu’elle a été interrompue par le présentateur : «Avec des amis comme vous, qui a besoin d’ennemis», avant de lui retirer l’antenne.
Un « Frenchbashing » qui persiste des années après
Malgré le temps fort de 2003, les critiques envers la France n’ont pas cessé. En 2007, le Time publiait un article sur la mort de la culture française, puis en 2014, c’est le site américain Newsweek qui publiait un article intitulé «The Fall of France» (La chute de la France). Cette publication avait même suscité la réaction de Pierre Moscovici, alors ministre de l’Économie et des finances. Il avait dénoncé les «innombrables erreurs» présentes dans l’article tout en regrettant que l’article n’ait aucune critique pertinente. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait invité «tous les lecteurs de Newsweek à visiter la France telle qu’elle est».