Back

Une canicule en Inde, certes, mais c’est la présidentielle

Depuis la toute fin d’avril, l’Inde et le Pakistan font face à une canicule mortelle où la température dépasse les 50°C. Pourtant, le temps d’antenne des matinales n’a continué d’accorder que 1% en moyenne de temps aux problèmes écologiques et au climat. Pourquoi l’écologie passe-t-elle au second plan ?

Manifestation pour dénoncer le réchauffement climatique Mika Baumeister/Unsplash

Cela touche plus d’un milliard et demi de personnes. Une canicule mortelle frappe un des pays les plus densément peuplés et pauvres de la planète. Un sixième de la population mondiale est en danger de mort. Vous n’en avez pas entendu parler ? C’est normal, c’est tombé en même temps que les élections présidentielles.

Un problème d’adaptation des médias traditionnels

Dans une discussion qui avait eu lieu lors des Assies du journalisme en octobre 2021, François Pitrel, journaliste à BFMTV spécialisé dans l’environnement avançait que «  c’est à nous de convaincre que ces sujets ont de l’intérêt ». Ces sujets sont considérés comme tièdes, voire froids. Ils sont mis en concurrence face à des sujets qui font plus d’audience, et donc plus d’argent. Entre un sujet politique et un sujet écologie, l’un est considéré comme plus légitime que l’autre, et ce n’est jamais le papier sur l’environnement.

Dans les faits, ça se traduit par un temps d’antenne entre 0% et 1% sur les matinales de la radio ou de la télévision, à l’heure où ces canaux sont les plus écoutés. Dans la presse, plus de colonnes sont accordées à l’écologie, à hauteur de 3%, près de 4% pour Le Monde, champion en la matière hors presse spécialisée.


Tag qui dénonce les logiques économiques qui mènent à la destruction de l’environnement, même logique qui font que les médias consacrent peu de temps à l’environnement Marija Zaric/Unslpash

Loin des sujets roi de la politique et de l’international, l’écologie bénéficie de peu de journalistes formés à ces questions. C’est ce que faisait remarquer François Pitrel durant ce même événement.

Sur le climat, les journalistes sont mauvais, ils ne sont pas assez formés pour apporter la contradiction

François Pitrel

Un journaliste peu formé aux enjeux environnementaux ne va pas percevoir l’ampleur de la gravité de certains problèmes écologiques. Qui se préoccupe plus de la perturbation des cycles de l’eau que de l’avancement de la campagne des élections législatives ? Pourtant, le cycle de l’eau est nécessaire à notre survie car les récoltes agricoles en dépendent.

Un audimat peu concerné par le sujet

Les médias traditionnels font face à un problème pour parler d’écologie : l’âge de son audimat. Ce sont les personnes jeunes qui sont la catégorie de la population la plus intéressée et malheureusement la plus concernée. Le climat n’est pas la principale préoccupation du cœur de cible des médias mainstream.

Les nouveaux médias, une solution ?

Les nouveaux médias accordent beaucoup plus de temps à l’environnement que leurs vieux aînés. C’est le cas de Brut. Lucas, journaliste pour ce média a des pistes d’explications qu’il a confiées à nos confrères de L’Étudiant. Il y explique que leur format plus long qu’un reportage de JT permet « de creuser, d’expliquer les mécanismes et de proposer des solutions ». Il affirme que les vidéos consacrées à l’écologie font « des millions de vues » au sein de Brut. Une performance qui serait facilitée par « l’embauche de journalistes très jeunes ». La logique financière retrouve l’intérêt partagé du jeune journaliste pour la crise environnementale, ce qui permet de consacrer plus de temps à la planète.

Margaux Verdonckt
Margaux Verdonckt
Co-fondatrice, cheffe de rubrique "Écologie" et responsable de la communication de Soixante Pour Cent.

Ce site web stocke des cookies sur votre ordinateur. Politique de confidentialité