Le pigiste est un journaliste qui travaille pour un ou plusieurs médias. Rémunérés à l’article, de nombreux étudiants se lancent dans l’aventure pour arrondir les fins de mois. Voici leurs témoignages.
Théo est l’un de ces étudiants, il a 21 ans. Depuis deux ans, il « pige » pour la chaîne LCI. Comment est-il rentré dans cet univers audiovisuel si fermé ? Il est un ancien stagiaire. Il a d’abord fait des piges « en tant qu’assistant de rédaction puis en tant que deskeur et enfin Journaliste Reporter d’Images » explique-t-il.
Comme Théo, des centaines d’étudiants en France sont pigistes. En 2021, selon le Syndicat National des Journalistes (SNJ), 8 296 cartes de presse ont été remises à des pigistes – et c’est sans compter ceux qui exercent sans carte de presse. Tout comme Victor, Romain, Laura et Nathan. En première année de master à La Sorbonne à Paris, Victor Pourcher, 25 ans, a eu l’opportunité de réaliser un stage de six mois à la préparation d’émissions dans la radio RTL. « En deux ans à Sciences Po, j’ai fait plusieurs stages, je me suis spécialisé en radio et j’ai fait ma deuxième année en alternance à Europe 1 » énonce Victor. Pigiste depuis septembre 2022, il prête main-forte en tant que présentateur radio chez RTL, Europe 1, France Inter et RMC.
« Je me suis proposé bénévolement pour la première fois. Le rédacteur était content de moi donc il m’a proposé de continuer »
Nathan Bigué, 18 ans, est étudiant à l’école de journalisme ISFJ de Lille, il est pigiste depuis fin novembre au journal footballistique les 11 Hauts-de-France. « J’ai été embauché parce que je connais quelqu’un qui était pigiste là-bas. Pour un match de Valenciennes, ils n’avaient personne et je me suis proposé bénévolement pour la première fois. Le rédacteur était content de moi donc il m’a proposé de continuer » explique Nathan.
Le carnet d’adresses est le principal atout d’un journaliste. « Je suis devenu pigiste par la force des choses. Pour RTL et Europe 1, explique Victor, l’embauche s’est réalisée naturellement suite à mes contrats précédents avec eux. Concernant France Inter et RMC, j’ai envoyé un CV et une maquette par mail et ils m’ont rappelé. J’ai passé un entretien et ils ont commencé peu à peu à me proposer des piges ». « Mes journées ne se ressemblent jamais grâce à mon métier de journaliste reporter d’images, [le journaliste qui est derrière la caméra]. Tu peux aller à l’Assemblée nationale comme partir sur des incendies ou un attentat », affirme Théo.
Des journées denses pour ces étudiants
L’emploi du temps d’un pigiste est loin d’être fixe mais il faut de la rigueur. Rythmées entre les cours et les missions au travail, les journées sont denses. D’après une autre pigiste, les soirs, les week-ends, les pauses déjeuners, n’importe quel moment de pause est bon à prendre pour écrire ses piges.
Les pigistes ne sont pas tous rémunérés de la même manière : payés à l’article dans un journal ou un magazine, à la journée à la radio et à la télévision.
Être pigiste, c’est aussi une question d’argent. « Je suis devenue pigiste pour arrondir les fins de mois. À l’occasion, je cumule les boulots. Je suis aussi correspondante locale de presse et j’ai eu d’autres petits boulots durant cette période comme des cours particuliers » explique Laura, 21 ans, pigiste depuis un an et demi.
Travailler quand les autres étudiants se reposent
Le « danger » en tant que pigiste c’est de ne pas être organisé. Entre les cours, les jobs étudiants, les entreprises avec lesquelles un contrat de pigiste est organisé, les loisirs, le sommeil, l’anticipation est de rigueur. Il faut être prêt à bosser lors des vacances estivales, hivernales et même lors des jours fériés. « J’ai la chance d’avoir quatre médias dans mon « carnet d’adresses » mais je dois souvent anticiper. Il faut être prêt à beaucoup bosser à ce moment-là pour mettre de côté au cas où c’est plus calme plus tard » raconte Victor.
Passer par l’étape « piges » peut ouvrir les portes du CDI à plein temps. Mais ce sacro-saint contrat n’est pas le but de tous les pigistes : « certains journalistes préfèrent la liberté de traiter seulement les sujets qui les intéressent, même si cela implique de travailler pour plusieurs rédactions et d’être instable financièrement. Beaucoup de pigistes expérimentés gagnent plus que les journalistes en poste en CDD et CDI » affirme Laura.