Le média spécialisé dans le domaine de l’agriculture montre une certaine porosité à l’influence de marques. Cette ingérence a une influence sur la manière dont Terre-net traite des conséquences du dérèglement climatique.
Que des articles soient écrits directement par des groupes issus du milieu agricole n’est pas chose rare dans les colonnes de Terre-net. C’est le cas de cet article de 2021 rédigé par Cogedis, une entreprise d’experts comptables spécialisés dans l’agriculture. Ils ont également des activités de conseil auprès des exploitations (stratégie, protection de l’entreprise, création d’exploitation). Cet article vante le plan de relance mené par le gouvernement qui permet d’obtenir des financements pour investir au sein de l’exploitation agricole. Toutes les conditions pour y avoir recours sont données par le cabinet Cogedis. Le fait que cet article soit directement écrit par une marque pose question sur l’orientation des informations données.
On a la réponse à cette question dans un encadré à la fin de l’article. C’est une publicité directe pour les activités du groupe. Le papier se fait la vitrine des activités de l’entreprise.
Des partenariats réguliers avec des lobbies agricoles
Autre ingérence d’ampleur : celle d’Arvalis- Institut du végétal. Eux aussi ont écrit directement un article pour Terre-net. Il porte sur la baisse des rendements en blé du fait du dérèglement climatique. L’auteur de l’article, dans un premier temps indiqué comme étant Arvalis-Institut du végétal, puis comme étant Nicolas Bousquet, journaliste d’entreprise pour … Arvalis. L’article fait la publicité claire de la plateforme Phénofield, qui aide à mesurer les taux de résistance aux sécheresses de différentes variétés de blé pour déterminer celles qui résistent le mieux aux nouveaux aléas.
La collaboration entre le média et Arvalis ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Un autre article sur comment adapter l’agriculture au dérèglement climatique pour maintenir des rendements stables. Trois intervenants ; Jean Jouzel, climatologue et ancien membre du GIEC, Philippe Dubief, membre du comité régional d’Arvalis et Stéphane Jézéquel, directeur scientifique chez Arvalis. Le contenu du papier porte sur la nécessité, entre autres, de faire de la recherche sur les variétés de semis pour les rendre plus résistantes aux changements climatiques. C’est exactement l’activité principale d’Arvalis qui est un centre de recherche sur la génétique des semis.
En réponse au changement climatique … la publicité du groupe
Arvalis- Institut du végétal est enregistré au registré des lobbies de Bruxelles. Le groupe y dépense entre 50 000 et 90 000€ pour exercer son influence sur la protection des semences, politiques agricoles et la préservation de l’environnement.
Un ingénieur d’Arvalis est encore intervenu dans un article portant sur les conséquences du dérèglement climatique sur l’agriculture. C’est en 2018, que Matthieu Killmayer, ingénieur régional Arvalis-Institut du végétal se demande … comment adapter l’agriculture à la hausse des aléas climatiques. Quelle est sa réponse ? En partie, le manque d’évolution génétique des plantations. Il y a encore des exemples de collaboration entre le groupe d’intérêt et le média spécialisé.
Le publireportage n’est pas nouveau. Mais là ça touche à la manière dont sont informés les agriculteurs, ceux qui nous nourrissent. Ne pas être au courant des méthodes les plus efficaces pour maintenir des rendements malgré le dérèglement climatique n’est pas qu’une question d’éthique journaliste. Il est question de savoir ce que demain, nous aurons dans notre assiette.