Le 2 novembre, le média d’investigation StreetPress a publié une enquête révélant les dessous de l’organisation d’extrême droite, La Famille Gallicane. Seulement quelques jours après, racisme, antisémitisme et provocation au crime déferlent sur les réseaux sociaux. Retour sur cette affaire.
En juin dernier, c’est le youtubeur antirépublicain, Papacito, qui avait diffusé une vidéo intitulée « Le gauchiste est-il pare-balles ? », dans laquelle il mettait en scène l’assassinat d’un électeur de La France insoumise (LFI). Un mannequin subissait alors des tirs de chevrotine et une série de coups de couteau.
Ce mois-ci, les groupuscules d’extrême droite ont encore frappé : une vidéo partagée directement sur la chaine Telegram de La Famille Gallicane puis diffusée via l’enquête de Streetpress révèle des hommes tirant à balles réelles sur trois caricatures censées représenter un juif, un musulman et un noir.
Une avalanche digitale
Une fois l’enquête de Streetpress publiée, les réactions chez les groupuscules d’extrême droite ont été vives, notamment sur une autre page Telegram, affichant un pseudo haut en couleur, Les Vilains Fachos.
Cette fois-ci, il s’agit d’un montage photo représentant des portraits sous forme de cibles. Ces portraits sont des dessins racistes, censés – encore – représenter un musulman, un juif et un noir mais aussi des personnalités publiques : y figurent notamment le candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon, la députée LFI Danièle Obono, un syndicaliste étudiant ou encore les journalistes Taha Bouhafs et Mathieu Molard, rédacteur en chef de StreetPress.
Sur un air de néonazisme
Sur chaque cible est indiquée le nombre de point que chacune rapporte : 88 points pour la majorité, chiffre loin d’être anodin puisqu’il s’agit d’un code courant dans la mouvance « Heil Hitler », le H étant la 8ème lettre de l’alphabet. Mais l’immondice du montage ne s’arrête pas là : Danièle Obono – outre le fait qu’elle soit représentée en esclave à travers la caricature condamnée de Valeurs Actuelles – vaut moins de points que les autres, car selon eux, « le QI des Noirs est inférieur ». Pour couronner le tout, le montage se termine par un lien pour se procurer des armes.
« J’ai l’impression qu’il n’y a pas de volonté politique d’agir. Ces groupes d’extrême droite se sentent dans l’impunité »
Taha Bouhafs, journaliste
Évidemment, la majorité des personnes visée par ce montage raciste et antisémite ont porté plainte immédiatement. Mais comme le dit le journaliste – également visé par le montage – Taha Bouhafs : « J’’ai l’impression qu’il n’y a pas de volonté politique d’agir. Ces groupes d’extrême droite se sentent dans l’impunité ».
Alors certes, depuis 2017, selon Laurent Nunez, coordonnateur national du renseignement et de lutte contre le terrorisme, cinq cellules d’extrême droite à visées terroristes ont été démantelées, mais quand on voit les propos qui défilent sur Telegram, il semble avoir encore beaucoup à faire.
Des soutiens Zemmouriens
Politiquement, ces groupes néonazis ont au moins un point commun : ils soutiennent ouvertement Eric Zemmour. Certains membres de La Famille Gallicane ont même rejoint les rangs de Génération Z, mouvement jeune qui mène campagne pour le candidat d’extrême droite.