C’était il y a un peu plus d’an, le 16 octobre 2020. Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est décapité en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine, en sortant du collège. Il est accusé d’islamophobie pour avoir montré à ses élèves deux caricatures du prophète Mohammed afin d’enseigner la liberté d’expression. Cet attentat et les mesures gouvernementales qui s’ensuivent, ont suscité des réactions inattendues, voire décevantes, des médias anglo-saxons. Emmanuel Macron, furieux des critiques à l’égard de sa politique contre le terrorisme islamiste, n’a pas hésité à le faire savoir.
Alors que la France est sous le choc de l’attentat terroriste du 16 octobre 2020, les médias anglo-saxons semblent le voir d’une manière différente. Macron n’apprécie pas le portrait fait de la France et de sa politique pour lutter contre le terrorisme et l’islamisme radical par les médias anglo-saxons. Le président est notamment furieux après le titre utilisé par le New York Times qui semble mettre en avant le tir policier sur le terroriste, plutôt que la décapitation publique d’un enseignant : « La police française tire sur un homme après une attaque meurtrière au couteau », publie le quotidien américain. Lors d’un appel avec Ben Smith, journaliste au New York Times, Emmanuel Macron fait savoir son mécontentement: « Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus », rappelle le président de la République. « Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs […] et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c’est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus ».
« Je suis pour le respect des cultures, des civilisations, mais je ne vais pas changer mon droit parce qu’il choque ailleurs »
Emmanuel Macron lors d’un entretien avec Le Grand Continent.
Mais le New York Times n’est pas le seul média anglo-saxon qui provoque la colère du président français. Outre-manche, le Financial Times publie une tribune intitulée « La guerre de Macron contre le séparatisme islamique ne fait qu’accroitre les divisions en France ». Macron dénonce une déformation de ses propos, puisqu’il ne parle pas de séparatisme « islamique » mais « islamiste ». Il ajoute : « J’ai horreur d’être décrit avec des mots qui ne sont pas les miens ». La tribune finit par être retirée à la suite de la plainte de l’Élysée. D’autres médias anglo-saxons ont attaqué la France et la politique du président de la République française pour lutter contre le terrorisme islamiste. Par exemple, l’Associated Press disait que la France incitait à la colère du monde musulman ou encore le Politico qui qualifiait la laïcité comme « une dangereuse religion française ».
Une laïcité française incomprise
L’attaque à l’arme blanche devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, la décapitation de Samuel Paty ou encore l’attaque au couteau dans une basilique de Nice, tous survenus à l’automne 2020, mènent Emmanuel Macron à affirmer sa position de défendeur de la laïcité française. Mais d’après lui, « les médias étrangers ne comprennent pas la laïcité à la française » et « les médias anglophones, et américains en particulier, cherchent à imposer leurs propres valeurs à une société différente« . Les différentes réactions des médias anglo-saxons montrent cette incompréhension de la laïcité française et de son histoire. D’après le New York Times, la laïcité en France est une laïcité « qui date d’un siècle, mais qui aboutit aujourd’hui aux débats français sur le voile, sur les menus des cantines scolaires, sur un président qui prétend réformer une religion, qui veut inventer l’Islam des lumières. Pendant que son ministre de l’Intérieur reprend le vocabulaire de l’extrême droite ». Les États-Unis ont un rapport différent à la religion. Encore aujourd’hui, la société américaine est très religieuse, à l’inverse de la France qui s’en est éloignée. Ces différences culturelles et historiques se traduisent aujourd’hui par des relations difficiles entre Emmanuel Macron et la presse anglo-saxonne.